Vivre l’absence
Plus de la moitié des prisonniers partis en Allemagne sont mariés. Près de 800 000 femmes se trouvent ainsi seules dès l’été 1940, le plus souvent pour de très longues années.
Faute d’une vraie politique d’indemnisation de la part du gouvernement de Vichy, elles sont confrontées à de graves problèmes matériels. Seules les femmes de fonctionnaires continuent à percevoir la totalité du salaire de leur mari. Les allocations militaires versées aux épouses des soldats du rang s’avèrent en revanche dérisoires. Les aides de l’État sont longues à se mettre en place. L’allocation dite de délégation familiale ne sera instaurée qu’en juillet 1942. Au total, 80 % des femmes de prisonniers sont contraintes à travailler.
À ces difficultés s’ajoute la souffrance de la séparation, alors que les échanges postaux sont réduits au strict minimum et que les nouvelles venues d’Allemagne sont rares. La souffrance naît aussi de l’incompréhension de la société, plus encline à surveiller et à juger ces femmes qu’à les soutenir.