À l’ombre des barbelés
Cinquante-six Stalags, seize Oflags et plus de quatre vingt mille Kommandos, répartis sur tout le territoire du Reich, attendent dès juin 1940 leur contingent de prisonniers.
Le camp que le prisonnier découvre à son arrivée est un alignement de baraquements en bois ou en briques, clôturé par des barbelés et surmonté de miradors. Il peut être aussi un bâtiment reconverti pour la cause, ancienne caserne ou forteresse, par exemple. Le Stalag type se compose de deux entités : le « Vorlager » ou avant-camp, dont les bâtiments principaux sont constitués par le bloc administratif et l’infirmerie, infranchissable sans un laissez-passer, et le « Hauptlager », camp principal où s’organise la vie des prisonniers, autour des logements, de la cantine et de la cuisine.
L’inconfort et l’insalubrité des conditions d’hébergement sont la règle, à des degrés divers selon l’affectation, s’aggravant dans tous les cas avec le temps. Les prisonniers de guerre, que la propagande nazie se plaît à dénommer des « Stücks » (morceaux), sont soudés par un ressenti commun, où se conjuguent, outre les brimades, la privation de liberté, les affres de la faim, la séparation cruelle du foyer, l’interminable effilochement du temps qui passe.