Le dénuement
La nourriture et les vêtements sont essentiels à la survie. Les colis familiaux n’en sont que plus précieux pour adoucir le quotidien, quand ils ne sont pas subtilisés par les autorités. Manger est vite perçu par les prisonniers comme un acte social fondamental à entretenir et préserver. Discipliner l’accès aux maigres rations, en assurer un partage équitable par la mise en commun des gamelles, des colis, des achats à la cantine, contribuent à endiguer une dégradation des comportements. Des petits groupes se forment autour de la cuisine, par affinités. Dénommés « popotes » par les prisonniers, ils restituent un quelque chose de l’ambiance familiale.
Chacun s’applique à redoubler d’ingéniosité pour améliorer l’ordinaire. L’invention de la « choubinette », foyer portatif utilisé pour cuire les aliments avec les moyens du bord, en est une illustration. Pour enjoliver le tout, des menus, rédigés et décorés avec art, rappellent que l’imagination peut pallier le manque et font saliver, à défaut de remplir l’estomac, face à la maigre pitance quotidienne.