Pourquoi [pas] la Grèce ?
Jean-Pierre Vernant, philosophe, a été émerveillé par la découverte de la Grèce en 1935 avec ses camarades. Attiré initialement par l’histoire contemporaine ou les Lumières – il a rédigé un essai pour un diplôme portant sur la notion de vie dans la pensée de Diderot –, le Parti communiste aurait tenté de l’orienter. En étudiant la Grèce, il cherche un terrain sur lequel le Parti n’aura pas prise. Ses premières études sur la Grèce le conduisent vers des thématiques liées à l’histoire du travail ou de la technique, chez Platon par exemple.
Pierre Vidal-Naquet éprouve également de l’intérêt pour l’histoire qui se fait. Tempérament militant et engagé, il sait que l’écueil est de manquer parfois de recul. Existe le risque de la « tyrannie de l’immédiateté ». Cherchant de la distance, il prend comme objet d’étude l’Antiquité grecque. Il a découvert la Grèce avec Geneviève en 1952. Historien, il a commencé à s’intéresser au philosophe Platon et à sa conception de l’Histoire. Platon constitue une référence sa vie durant.
La rencontre des deux hommes intervient dans cette histoire en marche, dans l’engagement. Mais, ce même jour de la fin des années cinquante, ils découvrent qu’ils ont rédigé tous deux un article dans la même revue à paraître et qu’ils sont animés d’un intérêt commun pour la civilisation hellénique. Coïncidences militante et scientifique, désormais leurs itinéraires sont liés.