S’engager et militer, ensemble toujours
Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet ont agi très vite avec les autres, cherchant à solidariser autour de projets, tant dans leur travail scientifique que dans leur militantisme. Rarement seuls, à deux ou plus, ils ont participé, rassemblé, associé, mobilisé et surtout partagé.
Ce qui frappe dans les archives de l’un et l’autre, ce sont les centaines de pétitions, de lettres de soutien de toutes sortes, d’engagements qu’ils ont pris, de comités qu’ils ont fondés ou parrainés.
Deux modes d’action se dégagent, valant pour l’un et l’autre, et qui confortent leur statut « d’intellectuel dans la cité » : ils s’engagent personnellement par leurs écrits, paroles, actes et se servent de leur aura pour fédérer autour d’eux, proches, intellectuels ; ou bien ils apportent leur signature et leur « caution morale » sur une revendication qui ne leur est pas propre. Sans cesse, ils sont sollicités pour cette caution. Presque toujours ils répondent positivement.
On constate que, dans ce fonctionnement, l’un a toujours consulté l’autre, parmi les premiers confidents, par rapport à un engagement ou une signature.
Avec Jacques Derrida, Vernant fonde en 1981 l’association Jan Hus, à laquelle Vidal-Naquet a adhéré. Son but était de soutenir la dissidence des intellectuels tchèques bâillonnés et persécutés, d’être auprès d’eux dans l’adversité pendant la période dite de normalisation (1968-1989) du régime communiste. Les membres de l’association effectuent des voyages discrets, destinés à les secourir matériellement et moralement.
Dès que la liberté de corps, d’esprit ou d’expression est menacée, Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet s’engagent, mettent leur énergie et leur cœur pour faire bouger les choses.