La démocratie, hier et aujourd’hui
La démocratie, du grec dêmokratía (« souveraineté du peuple »), est née à Athènes vers 508 avant J.-C. Les réformes de Clisthène l’Athénien, à qui Pierre Vidal-Naquet consacre une étude – avec Pierre Lévêque – constituent le fondement des premières institutions démocratiques. Les hommes libres sont citoyens, les citoyens votent les lois.
En 1962, dans Les origines de la pensée grecque, Jean-Pierre Vernant montre que les Grecs inventent une société humaine particulière, constituée d’hommes libres, égaux, gérant en assemblée la cité. Dans ce cadre d’égalité entre les hommes, peut naître la philosophie, expression de la pensée libre. Il montre que le passage du mythe à la raison est consubstantiel à cette invention de la démocratie. « La raison grecque est fille de la cité ».
Le regard de Jean-Pierre Vernant et de Pierre Vidal-Naquet sur la démocratie athénienne est indissociable d’une réflexion sur la démocratie aujourd’hui et de l’action militante nécessaire à sa préservation. Ainsi, tout au long de sa vie militante, Jean-Pierre Vernant cherche à amener de la démocratie au sein du Parti communiste. Au dehors, conservant son entière liberté de penser et d’agir, il s’implique dans la cité dès que la démocratie lui semble menacée.
Pierre Vidal-Naquet, de son côté, noue une amitié avec l’intellectuel français d’origine grecque Cornelius Castoriadis. Tous deux échangent sur la démocratie athénienne et contemporaine. Pierre Vidal-Naquet avait lu très tôt Socialisme ou barbarie, revue du mouvement éponyme fondé par Castoriadis et Claude Lefort, avec laquelle il partageait de nombreuses analyses sans être pour autant devenu membre du mouvement. En mars 1992, au Centre Georges-Pompidou à Paris, a lieu un colloque original avec Pierre Vidal-Naquet, Pierre Lévêque et Cornelius Castoriadis, pour la commémoration du 2 500e anniversaire de la naissance de la démocratie athénienne et des réformes de Clisthène. L’occasion de ramener le débat démocratique dans le contemporain.
Pourtant, en 1993, lors de « l’Appel à la vigilance » sur les courants antidémocratiques d’extrême droite, auquel participe Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet ne suit pas ce dernier. Il revendique l’expression de sa liberté et la possibilité d’être parfois en désaccord – sur la manière d’agir, par exemple – avec son ami.