Vernant, un pacifiste dans la guerre
L’agrégation de philosophie en poche en 1937, Jean-Pierre Vernant effectue son service militaire au 6e Régiment de chasseurs alpins, à Grenoble. Malgré son niveau universitaire, il stagne au grade de sergent-chef dans l’infanterie. En première page de son livret militaire, en raison de ses activités politiques, on peut lire la mention « inapte au commandement ».
À la déclaration de guerre, en septembre 1939, maintenu sous les drapeaux, Jean-Pierre est affecté dans les Alpes, à la frontière italienne. L’armée ayant besoin de cadres, il est envoyé à Auvours (Sarthe) pour une formation d’officier.
Au début de l’invasion allemande, il rejoint les lignes françaises à Laon, puis Soissons. Lors de la débâcle, il gagne Narbonne dans la première quinzaine de juin 1940, comme responsable d’une compagnie de tirailleurs sénégalais.
Le 17 juin 1940, à Narbonne, il écoute le discours radiophonique du maréchal Pétain annonçant l’armistice.
Dès ce moment, il veut continuer le combat et cherche les alternatives. Aidés de leurs épouses, les deux frères Vernant réalisent des tracts sur une imprimerie portative et les collent sur les murs de Narbonne. Inquiétés par la police, pourchassés dans les rues, ils poursuivent la lutte coûte que coûte.
Au niveau professionnel Jean-Pierre et Jacques, à bout de ressources, font connaître leur disponibilité à ce qu’il reste de l’administration et attendent une affectation d’enseignant. Jean-Pierre Vernant est finalement nommé à Toulouse, au Lycée de garçons, en décembre 1940.
Dans cet établissement, il enseigne de la classe de philosophie à celle de khâgne, le jour. La nuit, il est résistant. Son poste de professeur est une excellente couverture qu’il entend conserver.