Passeurs
Auteurs de nombreux livres, on a pourtant dit d’eux qu’ils furent des hommes d’articles. Jean-Pierre Vernant a écrit dans la presse communiste oppositionnelle. Pierre Vidal-Naquet n’a que 17 ans quand il cofonde, avec Pierre Nora notamment, la revue littéraire Imprudence. Par la suite, il écrira de nombreux articles dans la presse : Le Monde, Libération, etc.
Tous deux ont collaboré à des publications engagées : Raison présente, mais aussi Les Temps Modernes, Esprit ou Partisans, édité par François Maspero.
En 1958, ils découvrent lors de leur première rencontre qu’ils ont tous deux envoyé – sans qu’ils ne se connaissent encore –, à la Revue d’histoire des religions un article qui sera publié en 1960 dans le même numéro. Ce n’est que le début d’une longue série.
En effet, au cours de leur carrière, ils ont publié dans toutes les grandes revues consacrées à l’Antiquité grecque, françaises ou étrangères. Ils ont fait partie des comités scientifiques ou de rédaction de nombreuses revues, une manière de diffuser leurs problématiques.
Mais leur activité scientifique est aussi passée par la transmission orale, dans leurs cours à l’EHESS ou au Collège de France, ou en petit comité au Centre Louis Gernet. Ils ont aussi professé dans toutes les grandes universités à travers le monde, comme Princeton, Cambridge ou Oxford.
Tous ceux qui ont rencontré Jean-Pierre Vernant, qui ont participé à des échanges scientifiques ou militants, évoquent son éloquence et son charisme hors du commun. Lors de discussions scientifiques, la maïeutique de Vernant – son art d’accoucher les esprits – est remarquée. Il écoute celui qui parle, patiemment, et, en conclusion, synthétise le propos, change les orientations et le rend, finalement, profondément intelligible.
Pierre Vidal-Naquet était un débatteur redouté pour sa verve et son sens de la répartie.
