Les manuscrits de Jean-Pierre Vernant
Pour ses préparations de cours, de conférences, d’articles ou de livres, Jean-Pierre Vernant part inlassablement des textes, du grec. Il analyse le mot dans son contexte, regarde comment il a pu évoluer au fil des siècles, pour en tirer l’essence même.
Il constitue des fiches sur les occurrences. Il commence en général par les auteurs les plus anciens, tel Homère (L’Iliade, L’Odyssée), référence primordiale, puis Hésiode, et dresse le cheminement des termes au travers des textes et des siècles : Pindare, les Tragiques (Eschyle, Sophocle, etc.), les Comiques (Aristophane, etc.), jusqu’aux lexicographes du moyen-âge comme Suidas.
Ses différents travaux se nourrissent les uns et les autres : telle conférence lui donne le matériau pour un article, pour un cours au Collège de France et, quelques années plus tard, pour un livre.
Des sujets de recherche sont récurrents dans l’œuvre de Jean-Pierre Vernant, comme l’image (eidôlon) et ses corollaires en grec : l’imitation (mimêsis), la copie (eikon), le rêve (onar), l’apparition du divin (phasma), d’un fantôme (psuchê), les thèmes de l’altérité, de la mort, de l’invisible, du miroir, le mythe des Gorgones, de Méduse et son regard qui tue...
Les manuscrits de Jean-Pierre Vernant sont chargés, griffonnés, raturés, repris, jusqu’à ce que le texte soit limpide, lumineux, évident. Oralement, il s’exprime toujours clairement et son écrit parvient aussi à cette justesse.