La lutte contre le négationnisme
Pierre Vidal-Naquet n’a que 14 ans lorsque s’achève la Seconde Guerre mondiale. Historien de la Grèce, historien global : la Shoah, l’extermination des Juifs, reste cependant indissociable de sa propre vie. La mort de ses parents à Auschwitz marque sa réflexion en profondeur. Quand les négationnistes remettent en cause l’existence des chambres à gaz, il n’a alors de cesse de lutter avec ses mots et ses écrits.
Ainsi, ses Assassins de la mémoire regroupent cinq essais traitant du « révisionnisme » rédigés de 1980 à 1987. Il décrypte ce que sont les révisionnistes et l’objet de leurs recherches. Il le fait en historien, mais comme pour la guerre d’Algérie, en historien militant et engagé. Les articles de ce recueil deviennent des référents constants en matière d’analyse du révisionnisme et du négationnisme en France.
Pierre Vidal-Naquet y donne une définition du révisionnisme : « doctrine selon laquelle le génocide pratiqué par l’Allemagne nazie à l’encontre des Juifs et des Tsiganes n’a pas existé mais relève du mythe, de la fabulation, de l’escroquerie ».
Ce sont les « révisionnistes » qui se nomment comme tels, se considérant eux-mêmes dans une perspective historique qu’ils souhaitent et croient réviser. Le terme « négationnisme » utilisé par l’historien Henry Rousso a ensuite été préféré à celui de révisionnisme. Il s’agit d’un système de pensée, d’une idéologie, et non d’une démarche scientifique et critique.
Pierre Vidal-Naquet pose une règle suivie par beaucoup : il refuse le dialogue avec les « révisionnistes », considérant qu’on ne peut pas discuter avec des personnes qui ne respectent pas les règles de l’histoire et qui servent une idéologie d’extrême droite. En revanche, il faut prendre le « révisionnisme » comme objet d’étude, en analyser le fonctionnement, démonter la mécanique, « analyser leurs textes comme on fait l’anatomie d’un mensonge ».
Il devient, en France et à l’étranger, incontournable sur le sujet.