Le Manifeste des 121
Le Manifeste des 121 est une déclaration signée en septembre 1960 par 121 intellectuels dont Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet, qui combattent tous deux la politique coloniale de la France. Publié dans la revue semi-clandestine Vérité-Liberté, cofondée par Pierre Vidal-Naquet quelques mois plus tôt, il prône l’arrêt des hostilités en Algérie et soutient les jeunes recrues qui refusent de prendre les armes contre le peuple algérien. Il condamne la torture commise par les Français. Vérité-Liberté est aussitôt saisi. La police perquisitionne au domicile de Pierre Vidal-Naquet ou au siège de la revue Esprit, rue Jacob. Malgré tout, des journaux étrangers le diffusent et la censure attise sa propagation et son succès.
À ce manifeste s’oppose celui d’intellectuels plutôt positionnés à droite « Le Manifeste des intellectuels français » (Roger Nimier, Antoine Blondin), partisans, eux, de l’Algérie française.
Le Manifeste des 121 est une des initiatives qui a permis de mettre en lumière le drame algérien et constitue un tournant dans la perception par l’opinion française de la guerre d’Algérie. Il est également l’un des engagements les plus remarquables et les plus radicaux de l’histoire des intellectuels français du XXe siècle, qui a pu être comparé au « J’accuse… ! » de Zola.
L’État y répond brutalement par des inculpations, des saisies (la revue Les Temps modernes, par exemple), des suspensions disciplinaires pour une partie des fonctionnaires impliqués.
Pierre Vidal-Naquet est inculpé et suspendu d’enseignement à l’Université de Caen. Des collègues signent une pétition pour qu’il soit réintégré, et de nombreux intellectuels le soutiennent.
À la rentrée de 1961, il reçoit une nouvelle affectation d’histoire ancienne à l’Université de Lille.