L’affaire Audin
Le 11 juin 1957, vers 23 heures, des « paras » du général Massu envahissent l’appartement de Josette et Maurice Audin à Alger. Audin, 25 ans, membre du Parti communiste algérien, est assistant de mathématiques à l’université. Il milite pour l’indépendance de l’Algérie. Il est emmené de force, devant femme et enfants.
Le 1er juillet, Josette Audin apprend officiellement que, lors d’un transfert en jeep le 21 juin, son mari a sauté de la voiture et a réussi à s’échapper. Maurice Audin déclaré « disparu » ne donne plus signe de vie. Josette Audin porte plainte pour homicide volontaire dès le 4 juillet 1957. Elle parvient à mobiliser des intellectuels en métropole. Un comité Audin naît en novembre 1957. L’un de ses fondateurs, Pierre Vidal-Naquet, établit minutieusement, en historien, la fabrication du mensonge de l’armée et démontre que Maurice Audin est mort sous la torture. Historien de la Grèce antique, le premier livre que publie à l’âge de 28 ans Pierre Vidal-Naquet (L’Affaire Audin, Minuit) porte donc sur la période contemporaine.
Le 2 décembre 1957, la thèse de Maurice Audin est soutenue in absentia en Sorbonne.
Malgré l’action du comité et la détermination de Josette Audin, aucune procédure n’aboutit et, en mars 1962, un décret amnistie « les faits commis dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre dirigées contre l’insurrection algérienne ». En décembre 1966, la Cour de cassation déclare l’affaire « éteinte ».
En 2010, le mystère de la disparition de Maurice Audin n’a pas été éclairci et l’emploi de la torture en Algérie n’a toujours pas été reconnu par l’État français.
En 2018, le président Macron reconnaît les responsabilités de l'État français et de l'armée française dans cet assassinat.
Au tout début 1958, lors d’une conférence de presse du comité Audin, Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet se rencontrent pour la première fois.