Vernant, une termite chez les communistes
Adhérent au Parti communiste de 1932 à 1937, puis de la Libération à 1970, Jean-Pierre Vernant cherche à le démocratiser.
L’Humanité qualifie ces intellectuels oppositionnels de « termites », allusion à leur travail de sape de l’intérieur. Jean-Pierre Vernant et ses amis comme Victor Leduc sont visés : ils veulent apporter du débat et de l’égalité dans le parti. Ils n’hésitent pas à s’interroger sur les décisions du parti et à pointer ses échecs.
Victor Leduc, ami de toujours, fonde plusieurs revues qui se situent dans cette ligne oppositionnelle. Pour chacune d’elles, Jean-Pierre Vernant est partie prenante. Il publie de nombreux articles engagés. La radicalité de cette opposition est particulièrement affirmée au cours de la guerre d’Algérie, très critique à l’égard du parti qui rejette l’indépendance.
Ainsi, le premier numéro d’Action sort le 9 septembre 1944. On y trouve une liberté de ton par rapport au nouveau gouvernement, unie à une fidélité sans faille aux idéaux de la Résistance. Au fil du temps, Action devient davantage « communiste » que « résistante ». Jean-Pierre Vernant tient la rubrique de politique internationale.
L’Étincelle paraît en décembre 1956. Pour se prémunir contre des sanctions ou des pressions du parti, les contributeurs restent anonymes et la chaîne éditoriale demeure secrète. Dans le numéro 3 paraît, sous la forme d’un courrier de lecteur un texte, « Le Parti et l’Algérie », signé L. S., initiales derrière lesquelles se cache Jean-Pierre Vernant. Il relève les erreurs commises sur la question algérienne par le parti.
Enfin, Voies nouvelles est vendu en kiosque. Certains auteurs dans la ligne de mire de la direction du parti continuent à garder l’anonymat, d’autres signent de leur nom. Louis Gernet prend la direction de la revue. Au fil des numéros, de grands noms signent des articles : Sartre, Resnais ou Lukacs.