Dans un sanatorium blanc irisé
A 16 ans, Madeleine est envoyée en zone « Nono », « non occupée », dans le sanatorium de Saint-Hilaire-du-Touvet, près de Grenoble. Un vivier d’intellectuels dirigé par le docteur Douady dont la volonté est de permettre aux jeunes de continuer leurs études tout en se soignant. On y passe ses journées à lire ou à réviser, emmitouflé dans la fourrure de mouton, sur les balcons enneigés des galeries de cure, à respirer le bon air pur de la montagne, seul traitement à l’époque pour lutter contre le terrible bacille de Koch qui ronge les poumons. Au début des années 1940, la tuberculose est la première cause de mortalité en France et tue près de 60 000 personnes par an.
Le sanatorium abrite une imprimerie clandestine, permet aux chefs de réseaux d'y tenir des réunions secrètes et accueille de faux malades, les protégeant notamment des rafles. Aux malades civils s’ajoutent des malades militaires. Il devient l’un des points de convergence des réfractaires au STO et des résistants blessés ou malades…
Pour Madeleine qui souhaite s’engager, la Résistance est déjà tout près d’elle.
Madeleine rencontre au sanatorium Marcel Gagliardi, dont elle tombe amoureuse, effroyablement malade et impeccablement enrôlé dans la Résistance parisienne, dans le groupe des étudiants en médecine, en lien avec le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. Ce Front national là est un mouvement de Résistance intérieure créé en mai 1941 qui lutte contre le nazisme.
Vulnérable est cette neige.
Éphémère, ton coeur, aussi.
Coeur qui boitille et s’entête
À tenir le coup cette nuit.
La neige fondra, dans la plaine.
Fondra ton petit corps aussi.
Déjà ton regard appareille
Et ton souffle s’emplit de nuit.
Qui se souviendra de la neige
De cette année, l’hiver prochain ?
Qui se souviendra, dès demain ?
Qui se souviendra, inutiles,
De ta pensée et de tes mains ?
Qui se souviendra, l’an prochain ?
Madeleine Riffaud, 1942