Nom de guerre et premières missions
Dans la Résistance, les informations et les contacts sont cloisonnés. On ne connaît de son réseau que le petit groupe auquel on appartient, et un seul « triangle de direction », trois chefs ayant chacun une fonction. Madeleine travaille quelque temps sous la direction de Marcel Gagliardi, avant d’être intronisée, par son nouveau chef, Paul. On ignore également les noms réels des combattants de l’ombre, on utilise des pseudonymes. Quand on lui demande quel nom de guerre elle veut se choisir, Madeleine se souvient des formidables poèmes de l’écrivain Rainer Maria Rilke qu’elle lisait au sanatorium et répond : "Rainer."
Aussitôt entrée en Résistance, Madeleine Riffaud commence ses premières missions. La première arme d’un résistant, c’est le bâton de craie ; son premier combat, lutter contre la désinformation. Démoralisés, les Français croient trop volontiers aux mensonges de la propagande vichyste. Les résistants déchirent des affiches, écrivent sur les murs des messages simples ou le V de la Victoire, distribuent des tracts écrits à la main ou imprimés avec les moyens du bord, pratiques formellement interdites par les autorités allemandes.
Madeleine est aussi chargée d’assurer des liaisons, c’est-à-dire de porter des messages, de transporter des armes, de voler des tickets de rationnement dans les mairies ou des fiches du Service du Travail Obligatoire pour y soustraire des étudiants, ou d’annoncer aux collègues résistants qu’ils doivent « entrer dans le brouillard » : en cas d’arrestation d’un copain ou de risque trop grand d’être découvert, tout quitter, ne plus voir sa famille pour la protéger, disparaître pour un temps… ou jusqu’à une hypothétique fin de la guerre.