Raconter l'hôpital en état d'urgence
Au printemps 1975, l’Armée populaire vietnamienne s’empare de Saïgon, capitale du Sud-Vietnam. Le pays est réunifié définitivement l’année suivante au prix de millions de morts, de milliers de communes et villages dévastés et de souffrances terribles provoquées par l’« agent orange » : ce défoliant répandu depuis le ciel par l’armée américaine de 1961 à 1971 va polluer durablement les sols et les eaux, et impacter la santé des Hommes sur plusieurs générations.
Mais la guerre est terminée.
De retour à Paris, Madeleine est désemparée. Entre l’Algérie, les montagnes du Cambodge, le territoire des Pygmées, l’Angola… voilà vingt ans qu’elle ne connaissait que le maquis. C’est de Paul, son chef de réseau dans la résistance parisienne, que vient son salut : il lui rappelle qu’avant de devenir Rainer, elle était élève sage-femme…
Madeleine prend alors le nom de Marthe et s’embauche incognito tout en bas de l’échelle, comme fille de salle, pour s’immerger dans les hôpitaux de l’assistance publique et du secteur privé. En 1974, elle raconte dans Les Linges de la Nuit le quotidien des infirmières, des aides-soignants, sous-payés et surexploités en silence, elle décrit « l’état d’urgence » d’un système de santé en cruel manque de moyens.