Usage politique de l’exode
Deux mois après le début de l’offensive, la France cesse d’être une République. Réuni à Vichy le 10 juillet, l’Assemblée nationale accorde les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, le « chef qui nous a sauvés de l’abîme » ainsi que le salue un grand nombre de Français. Ce basculement sans précédent dans l’histoire politique doit être analysé en tenant compte du contexte de panique, de honte et de désarroi qui submerge alors les esprits. L’image du Sauveur qu’incarne le vainqueur de Verdun se construit dans le chaos de l’exode.
À partir de 1941, Pétain revient sur cet épisode tragique et l’utilise pour restaurer une popularité déjà vacillante : « Souvenez-vous de ces colonnes de fuyards, comprenant des femmes, des enfants, des vieillards juchés sur des véhicules de toute nature. » Exhortant les Français à mesurer le chemin parcouru, il en appelle à leur confiance. Cette incitation, qui joue sur la peur et le sentiment d’abandon des populations, est mise en œuvre par l’occupant dès la fin du mois de juin 1940 dans ses campagnes d’affichage.