Regards sur l’exode
Très nombreuses, les photographies des civils en détresse contribuent largement à la représentation des événements de mai-juin 1940. Qu’il s’agisse d’images de propagande, diffusées par les autorités françaises et allemandes, de clichés pris par des photographes indépendants, elles livrent après examen une vision hétérogène de l’expérience vécue par les réfugiés.
Le service cinématographique des armées s’attache à illustrer l’aide logistique apportée par les soldats français aux populations des régions frontalières. Les reporters allemands, parfois dotés de pellicules en couleurs, imposent quant à eux un paysage de chaos et de grande désolation.
Au sein de ce corpus d’images familières, l’œuvre de Thérèse Bonney occupe une place singulière. Accréditée par l’armée, cette Américaine francophile couvre les premières vagues de l’exode. Elle s’attache en particulier aux souffrances des enfants, vives en France où 90 000 d’entre eux sont séparés de leur famille, et connaît la notoriété avec la parution du livre Europe’s children en 1943.