Les forces en présence
L’écart est grand entre l’idée que nous nous faisons des causes de la défaite militaire française en 1940 et la réalité. Aujourd’hui encore, notre perception s’enracine dans les constats dressés par les contemporains, qui tous concluent invariablement au manque d’hommes, de chars et d’avions. À la légende d’une supériorité matérielle allemande répond celle de la médiocrité des matériels français.
Pourtant, à quelques nuances près, l’équilibre des forces terrestres entre Alliés et Allemands est total. Peu ergonomique, le char français Somua reste le meilleur blindé des débuts de la guerre ; la Wehrmacht n’est motorisée que dans 10% de ses grandes unités et utilise un nombre équivalent de chevaux à celui de l’armée française ; l’équipement des soldats est en tous points comparable, etc.
C’est bien moins le nombre et la qualité des matériels qui sont en cause que leur usage stratégique et opérationnel : les mille paquets de trois chars français contre les trois paquets de mille chars allemands, selon la boutade du général Delestraint.