Madeleine Riffaud, Résistante

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La compagnie Saint-Just

A sa libération, Madeleine reprend contact avec son réseau. Elle est affectée dans le XIXarrondissement, à la tête de la compagnie Saint-Just, un détachement FTP (Francs-tireurs et partisans). La compagnie installe son poste de commandement dans le bureau de poste juste derrière la mairie. 

Madeleine Riffaud retrouve alors Manuel, qu'elle comptait avant son arrestation parmi ses hommes, qui sont considérés comme de vieux combattants ayant l'expérience du terrain, la durée de vie moyenne dans les FTP étant de trois mois. Le petit breton Max, le plus jeune, est l'armurier de la compagnie. Leur groupe compte aussi Marcel, un homme discret, d'une trentaine d'années, habitant le quartier et venu proposer ses services. Il ne sait pas tirer mais il est chauffeur, spécialiste des tractions avant. 

Comme elle sort tout juste de prison, Madeleine est ménagée par son capitaine FTP, Fénestrelle. Le 23 août 1944, alors que Paris est en plein soulèvement, il la laisse de garde au PC. Il y a alors des combats dans tout le quartier, presque tous les hommes sont aux barricades. Le téléphone sonne pour Rainer, dans la poste vide

Madeleine reçoit un ordre de mission, probablement de la part de l'état-major de Rol-Tanguy, afin de stopper un train ennemi au tunnel de Belleville. Personne n’avait imaginé que les Allemands emprunteraient la ligne désaffectée de la Petite Ceinture ! Madeleine n’a que quatre hommes… en se comptant elle-même. Mais elle réagit au quart de tour, leur demande de charger dans la voiture des caisses d’explosifs et de grenades à manche (opération délicate !) et direction le parc des Buttes-Chaumont où une petite passerelle donne sur la Petite Ceinture et le tunnel en question.
La locomotive apparaît…

Depuis les marchepieds, les Allemands arrosent les ponts à la mitrailleuse. Tirs à l’aveuglette. Ripostes. Marcel est blessé à la joue. Madeleine, Max, Guy et Marcel balancent leur dangereux chargement depuis le pont. Parmi les caisses, ils ont emporté une boîte de feux d’artifice, qui devait attendre à la mairie un 14 juillet hypothétique. Le brasier est énorme ! Les Allemands font reculer le train dans le tunnel. Le siège commence. Trois bonnes heures durant lesquelles Rainer et son groupe les tiennent en respect. De plus en plus de curieux viennent assister à l’opération. Finalement, sur la suggestion d’un cheminot qui passait là, Madeleine va chercher un conducteur de train à la retraite qui vit dans le quartier : M. Jarrot. Très prudemment, il passe sous le train, détache la loco, la fait rouler sur 500 mètres et rentre tranquillement chez lui.

Ce jour-là, Madeleine fête ses 20 ans. 

Après ce coup d'éclat, Rainer est promue lieutenant sous le feu.