La défaite, et après ?
Désastre militaire, exode des populations, effondrement politique, six semaines auront suffi à imposer l’événement traumatique le plus lourd de conséquences de l’histoire contemporaine française. La chute de la France, bouclier et glaive des démocraties en Europe, laisse le champ libre à Adolf Hitler pour son projet d’invasion de l’URSS et conduit les États-Unis à envisager un scénario de guerre mondiale.
Le caractère exceptionnel de la défaite de 1940 génère très vite une abondante production littéraire. Elle attire aussi l’attention de nombreux historiens, au premier rang desquels Marc Bloch, mobilisé comme officier, qui l’aborde sous l’angle du témoignage à « chaud » et de l’analyse. Assumer la défaite, l’expliquer, refuser qu’elle se poursuive dans les esprits et dans les actes font partie du processus qui l’amène à penser sa résistance.
Précisées au fil des années et nuancées, les conclusions des historiens sur mai-juin 1940 ne se sont jamais vraiment diffusées au sein de la société française, dont la mémoire de l’événement oscille, pour quelques temps encore, entre mythes et contre-mythes.