Le visage de l'absent
Le visage de l’absent se dévoile en creux dans nombre de collections du musée. Photographies, archives, objets se substituent à la disparition des individus, de leurs corps mêmes. Souvenirs de jours heureux, de drames ou de violences passées, ils s’imposent comme la trace tangible de leur existence et revêtent un statut de relique pour des proches qui les confient avec émotion au musée.
En 2014, Tony Bertrand fait don au CHRD de la montre que lui confia la mère de Tola Vologe, abattu en juin 1944 avenue Berthelot. L’objet baigné de mémoire personnelle et familiale rend possible l’incarnation de la figure amicale, quand la liste des jeunes disparus que compose Jeannette Ruplinger fait surgir avec force le visage de ses compagnons assassinés.
En 2015, le CHRD accueille dans ses collections deux portes de l’ancienne prison Saint-Paul habillées de collages d’Ernest Pignon-Ernest. Réalisés deux ans plus tôt dans le cadre d’une installation, ces dessins d’un résistant français et d’un militant nationaliste algérien évoquaient, avec d’autres, la figure de ceux qui souffrirent en ces lieux.
Redonner une présence aux absents, c’est la bouleversante expérience que proposent les portraits de déportés du ghetto de Theresienstadt, réalisés par Arthur Goldschmidt entre 1942 et 1945.
C’est aussi la démarche entreprise dès l’immédiat après-guerre par l’association Apaffida. Les fiches nominatives et photos d’identité des déportés français juifs qu’elle réunit constituent un matériau, sensible et historique, d’exception.