L’anecdote est suffisamment marquante pour qu’Arthur Goldschmidt l’inscrive sous le portrait de ce professeur émérite de l’université de Vienne : « a échangé à l’asile sa dernière paire de caleçons contre des cigarettes ». L’approvisionnement en nourriture insuffisant, les soins médicaux limités, la surpopulation et les conditions d’hygiène déplorables au sein du ghetto sont perceptibles dans les dessins d’Arthur Goldschmidt. Ses visages rendent également compte de la grande faiblesse des internés. Sur les 139 654 personnes détenues à Theresienstadt, 33 430 meurent sur place, dont plus de la moitié du fait de maladies infectieuses.
En 2011, l’écrivain Georges-Arthur Goldschmidt fait don au CHRD des dessins réalisés par son père au ghetto de Theresienstadt entre 1942 et 1945. Aux côtés des milliers d’œuvres, officielles ou clandestines, de Theresienstadt qui sont parvenues jusqu’à nous, les dessins d’Arthur Goldschmidt occupent une place toute particulière. Cet ensemble exceptionnel se compose d’un carnet de croquis et de soixante-neuf dessins à la pierre noire ou au graphite. Pour moitié composés de portraits de déportés, d’une facture et d’une intensité remarquables, ils constituent un document et un témoignage irremplaçables sur ces femmes et ces hommes condamnés à l’extermination.
Informations techniques
Crayon graphite et pierre noire sur papier
Signature, date et inscription : « Dr. A. G. Theresienstadt 1942 / (Prof. Dr. med. Hammerschlag aus Wien vertauschte sein letzten paar Unterhosen für Cigaretten !) »
Professeur Hammerschlag (1870-1943) ; Arthur Goldschmidt (1873-1947)