Conclusion
Les musées de la Résistance et de la Déportation partagent une même histoire et une typologie de collections qui masquent leur variété. Les récits entourant les pièces qu’ils abritent, étudient et valorisent signent en effet leur singularité.
Dynamisée dans les années cinquante par les travaux du Comité d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale, la recherche historique s’est orientée sur l’étude des groupes et personnalités à l’échelle des différentes régions. Les matériaux ainsi accumulés, souvent par des historiens eux-mêmes acteurs des faits, ont permis, en synergie avec les associations d’anciens résistants et déportés, de donner naissance aux tout premiers musées, destinés à perpétuer le souvenir des événements et en faciliter la transmission auprès des plus jeunes. Fortement influencés par l’historiographie de l’époque et par la politique mémorielle de l’État, ces musées présentaient une vision de la guerre centrée sur la figure héroïque du Résistant, affrontée à celle de l’occupant.
Il faut attendre les années 1990, voire 2000, pour que les collections s’ouvrent à une approche nouvelle de la période, plus anthropologique et accordant une place centrale à la représentation des victimes, notamment juives. Ainsi, l’histoire des femmes, des prisonniers de guerre, des requis du STO mais aussi des faits culturels et sociaux, trouve désormais sa place dans nos musées, dont les fonds s’enrichissent quotidiennement des nouvelles acquisitions, souvent confiées par des familles soucieuses de préserver ce patrimoine. La disparition des témoins a également poussé les musées de la Seconde Guerre mondiale à explorer de nouvelles sources, comme la littérature ou la photographie, à s’ouvrir à des démarches artistiques permettant d’accompagner l’émotion du visiteur et perpétuer leur vocation de transmission d’une histoire sensible. Ce dont l’exposition Visages a souhaité se faire l’écho.