Le visage retrouvé
Connus pour leurs silhouettes de déportées croquées sans visage, les dessins de Jeannette L’Herminier constituent l’un des témoignages les plus riches sur Ravensbrück et ses Kommandos satellites. Ils sont également le fleuron des collections du Musée de la Résistance de Besançon. Le don récent au CHRD des archives de Marie Besson, agent de liaison du réseau Buckmaster à Lyon, arrêtée en 1943 et déportée en janvier 1944, a permis de restituer son visage à l’une de ces silhouettes. Une découverte qui vient saluer le lent travail de collecte et de valorisation des musées de la Seconde Guerre mondiale et contribue à l’analyse des comportements résistants en situation de confinement. Les liens d’indéfectible amitié, dont témoignent les lettres échangées entre Marie Besson et ses compagnes de détention, en constituent l’une des manifestations les plus frappantes.
À la Libération, Émile Rougé profite des cérémonies pour réaliser un ensemble photographique intitulé Les nôtres, comme un vibrant hommage aux soldats et à la diversité de l’armée française. Au sein de cette galerie qui traduit l’émotion de la victoire et la sensibilité humaniste du photographe, l’image d’un maquisard blessé à la main connaît un succès immédiat, devenant l’icône anonyme des jeunes engagés dans les combats de l’été 1944. Prêtée par le musée, la photographie de l’adolescent fait en 2020 la Une d’un magazine de presse spécialisée. Reconnue par ses proches qui en informent le magazine puis le musée, le jeune homme à la Sten a désormais un nom, Henri Bouquière. De nombreux anonymes subsistent cependant dans cette série de combattants saisis par le photographe, dont toute l’œuvre relative à la Seconde Guerre mondiale à Lyon est déposée au musée.