La construction d’une image
Quand nombreux sont les orphelins, les jeunes veufs et veuves, les persécutés et déportés qui jamais ne réussiront à se réinsérer dans une vie normale, se construit l’image d’une jeunesse résistante tout à la fois guerrière et martyre, qui n’échappe pas aux risques de la récupération. Pour des décennies, le stéréotype du résistant sera celui du jeune maquisard portant brassard et arborant fièrement une mitraillette Sten.
Dès la Libération, le souvenir de la Résistance prend également la forme d’un hommage aux jeunes victimes. Leur célébration funéraire les élève au rang de héros-martyrs, ce que réprouve dès 1945 Albert Camus : « Ces morts ne peuvent plus rien pour nous, comme nous ne pouvons plus rien pour eux. C’est une perte sèche. Ce n’est pas maintenant qu’il convient de les aimer ostensiblement. C’était au temps où ils étaient vivants. »