Les conditions de vie
L’approvisionnement en nourriture insuffisant, les soins médicaux limités et les conditions d’hygiène déplorables sont perceptibles dans les dessins d’Arthur Goldschmidt. Son carnet présente de nombreux corps allongés qui rendent compte de la grande faiblesse des internés.
Trois dessins sur feuille volante s’attardent sur la description d’une chambrée aux châlits superposés, dispositif qui très vite envahit casernes, baraquements en bois ou maisons particulières, peuplées de la cave au grenier. En décembre 1942, la surface habitable est estimée à moins de 2 m2 par personne. Le nombre de détenus évolue au rythme des convois et atteint le chiffre record de 58 491 personnes en septembre 1942, alors que la ville de Theresienstadt n’a été conçue que pour 5 000 habitants. Cette surpopulation réduit à néant les efforts accomplis par l’administration et les médecins juifs. Sur les 139 654 personnes internées au total, 33 430 meurent sur place, dont plus de la moitié du fait de maladies infectieuses.
Organisé pour servir l’économie du Reich, dans l’espoir d’éviter la déportation vers l’Est, ou pour les besoins mêmes du ghetto, le travail rythme la vie de tous les internés âgés de plus de quinze ans. Il permet à beaucoup d’échapper à l’angoisse, dont les effets sont plus terribles encore que la détresse matérielle et que Goldschmidt qualifie dans ses écrits de véritable torture mentale : « On était complètement séparé du monde extérieur, il n'en provenait que des rumeurs. (…) On vivait comme sur une île au bout du monde. »