Les enfants
Parmi les trente portraits parvenus jusqu’à nous, un seul représente le visage d’une enfant. Deux autres dessins plus aboutis, notamment le portrait du jeune Ernesto, figurent cependant dans les pages du carnet. Leur présence reste donc très marginale dans la production d’Arthur Goldschmidt. Cette rareté peut être le signe d’une difficulté pour lui à porter son regard sur des enfants du même âge que les siens, elle s’explique aussi par la séparation physique des enfants et des autres internés au sein même du ghetto.
Arrivés avec leurs parents ou venant d’orphelinats, plus de la moitié des enfants sont en effet rassemblés dans des foyers qui leur sont réservés à partir de l’été 1942. Ils font l’objet d’une attention particulière de la part de l’administration juive du ghetto, qui crée un service entièrement dédié à leurs besoins et à leur éducation. Des efforts considérables sont déployés pour dispenser aux enfants, en dépit des interdictions, un enseignement discret. Leur participation à des opéras, comme Brundibár, les leçons de dessin de Friedl Dicker-Brandeis ou l’écriture de magazines dans les foyers d’adolescents constituent quelques-unes des actions les plus significatives pour tenter de les soustraire aux conditions de vie du ghetto.
Malgré de nombreux efforts visant à les protéger, 8 764 enfants sur les 11 000 internés à Theresienstadt seront « déportés à l’Est ». Seule une centaine survivra.