Une famille déchirée par la guerre
En dépit des mesures d’exclusion qui depuis 1933 touchent les Juifs allemands, Arthur Goldschmidt reste longtemps persuadé qu’Adolf Hilter ne constitue pas un véritable danger. Seule l’annexion de la Tchécoslovaquie en septembre 1938 lui fait prendre conscience de la véritable nature du régime nazi. Les époux Goldschmidt se sont déjà séparés de leurs enfants quelques mois plus tôt, non par nécessité première de les soustraire à un danger imminent, mais dans le but d’assurer leur éducation. L’exclusion du lycée de leur fils aîné constitue pour cette famille bourgeoise lettrée un événement insupportable.
Le mois de ses dix ans, Georges-Arthur et son frère Eric, plus âgé de quatre ans, quittent définitivement leurs parents. Envoyés dans un premier temps en Italie, les garçons intègrent un pensionnat près de Megève, où ils apprennent le décès de leur mère en février 1942. Ils vivent alors une existence d’enfants cachés, marquée par un engagement dans la Résistance pour l’aîné des frères.
En 1949, naturalisé français, Georges-Arthur Goldschmidt se rend dans la toute nouvelle République fédérale allemande. Il y retrouve sa sœur, de 21 ans son aînée, qui a survécu du fait de son mariage avec un « Aryen », et une maison familiale étrangement intacte. On lui fait alors le récit du retour de son père, pris en charge par les Soviétiques à la libération du camp. Sollicité par le gouvernement anglais pour être le président de la commission de dénazification du canton, Arthur Goldschmidt passera les derniers mois de sa vie à écrire un livre sur l’Histoire de la communauté protestante de Theresienstadt (Geschichte der evangelischen Gemeinde Theresienstadt, 1942-1945), qui paraît à Tübingen en 1948.