Les paysages
L'art comme échappatoire
On doit à la beauté tranquille des paysages d’Arthur Goldschmidt l’entrée tardive des dessins dans les collections du musée. Leur caractère documentaire ou contemplatif risquait de livrer, pour son fils qui en était dépositaire, une vision fausse des conditions de vie dans le ghetto. Pourtant, au même titre que les portraits des internés, ces dessins constituent un témoignage irremplaçable sur les capacités de l’être humain à résister dans le contexte d’extrême dureté des camps.
Si certains paysages peuvent être datés de la période qui suit la libération de Theresienstadt, quelques mois pendant lesquels Arthur Goldschmidt y réside dans l’attente de son retour, d’autres ont bien été réalisés dans les pires moments de l’histoire du camp. On y retrouve les sujets de prédilection du peintre amateur à partir de 1933 : les arbres, les champs, les bords de rivière, et notamment ceux de la Bille qui se jette précisément dans l’Elbe, souvent présente dans les dessins qu’il réalise à Theresienstadt.
On peut aussi supposer un usage décoratif du dessin, servant à agrémenter l’espace privé que chacun cherche à circonscrire au sein des chambrées surpeuplées du ghetto. La noblesse de deux troncs d’arbre, l’échappée d’un coin de jardin, la douceur des feuillages sont autant de fenêtres ouvertes sur cet ailleurs qu’on continue d’espérer.