Portraits des internés
Le Reichsprotektor de Bohême-Moravie Reinhard Heydrich décide, lors de la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942, d’envoyer à Theresienstadt les Juifs allemands âgés de plus de 65 ans, les combattants de la Grande Guerre et les personnalités : tous ceux dont la prétendue installation à l’Est dans des camps de travail pourrait susciter des interrogations à l’étranger.
La situation, déjà difficile à Theresienstadt, se dégrade inexorablement avec l’arrivée massive, à partir de l’été 1942, des Juifs allemands et autrichiens dont beaucoup sont âgés et dont fait partie Arthur Goldschmidt. Convaincus d’arriver dans un ghetto pour privilégiés, une villégiature plaisante vantée par la propagande nazie, le choc est immense pour tous les internés , qui sont principalement des femmes, des enfants et des vieillards, lesquels constituent donc naturellement l’essentiel des portraits réalisés par Arthur Goldschmidt.
À l’inverse des scènes saisies sur le carnet, les dessins sur feuilles volantes étaient destinés à être vus et partagés. Nombre de portraits sont signés, parfois en plus de la signature de l’auteur, par la personne portraiturée. Il est possible d’y voir la volonté d’attester la justesse du portrait, mais aussi l’indice d’un dessin de commande qui, finalement, n’est pas parvenu à son destinataire. Cette double signature rend compte de la relation très forte qui unit le modèle et le dessinateur, pasteur de la communauté protestante de Theresienstadt.