Les déportations depuis Theresienstadt
Dans le texte qu’il rédige à son retour de déportation, Arthur Goldschmidt décrit Theresienstadt comme le lieu d’une succession continuelle d’arrivées et de départs. La déportation domine en effet l’existence du ghetto, que l’on y arrive ou que l’on en parte pour les centres de mise à mort. Après la concentration des Juifs tchèques, arrivent des Juifs d’Allemagne et d’Autriche, puis des Pays-Bas et du Danemark, plus tard enfin de Slovaquie et de Hongrie.
Le 9 janvier 1942, un premier convoi part de Theresienstadt pour l’Est. L’administration juive du ghetto est chargée d’établir des listes nominatives et de rassembler les internés, conformément aux indications données par Eichmann qui fixe le nombre et l’âge des déportés. Plus de soixante convois se succèdent jusqu’en octobre 1944. Sur les 139 654 Juifs internés à Theresienstadt, 33 430 sont morts dans le ghetto et 86 934 ont été déportés vers « l’Est », où 83 500 sont assassinés, essentiellement à Auschwitz et Treblinka.
Entre septembre 1943 et juillet 1944, le camp BIIb d’Auschwitz-Birkenau devient le Familienlager, ou camp des familles de Theresienstadt. Son existence participe pleinement à l’entreprise de tromperie échafaudée par les nazis. Les familles qui y sont enfermées sont astreintes à écrire des messages rassurants et maintenues en vie dans l’éventualité d’une visite du Comité international de la Croix-Rouge, consécutive à la visite du ghetto de Theresienstadt le 23 juin 1944. Cette dernière ayant donné entière satisfaction, le Familienlager est aussitôt liquidé et ses détenus assassinés.