Récupération, système D, etc.
Ce sont surtout les femmes qui doivent adapter leurs pratiques au manque endémique de matières premières et faire preuve d’ingéniosité pour confectionner vêtements et accessoires. Si le troc se généralise, le marché noir n’est accessible qu’aux ménages les plus fortunés, aussi le réemploi de matériaux usagés ou la transformation de vêtements s’imposent à toutes. La lutte contre le froid, particulièrement sensible du fait du manque de charbon, impose de recourir très largement au système D : les vêtements sont doublés avec des feuilles de journaux ou des vermicelles de papier, dont les magasines féminins vantent le pouvoir isolant. Les ouvrières des chapelleries de Chazelles-sur-Lyon (Loire) ne laissent perdre aucune rognure ou chute de feutre, les réutilisant pour des chaussons ou des sacs à main. Les femmes ne renoncent pas au raffinement, elles utilisent des matériaux non contingentés pour agrémenter leurs chapeaux ou créer des accessoires, elles confectionnent des plastrons qui embellissent les corsages élimés, etc. « C’était une période astucieuse », se rappelle Jeannette Ruplinger.