La bicyclette dicte les tenues
À Lyon comme ailleurs, bicyclettes et semelles de bois envahissent les rues de la ville. L’essence étant rationnée dès le début de la guerre, la bicyclette devient le moyen favori de locomotion de toutes les classes sociales. À partir de fin 1942, il est presque impossible de s’en procurer une autrement qu’au marché noir. On en recense 200 000 à Lyon en 1944. La bicyclette impose vite de nouveaux codes vestimentaires, allant jusqu’à créer sa propre mode. Les jupes-culottes, que les couturiers s’emploient à rendre invisibles, ne tardent pas à triompher, alors même que le port du pantalon est interdit aux femmes dans de nombreuses régions. Le sac bandoulière et les sandales à talons compensés en bois parachèvent ces nouvelles silhouettes, mais ne leur garantissent pas pour autant l’anonymat : Jeannette Ruplinger doit au bruit de ses semelles d’avoir été arrêtée par la Gestapo, alors qu’elle se rendait au service des faux papiers des Mouvements unis de la Résistance, rue Jacquard à Lyon en 1944.