La coquetterie, une arme psychologique
Face à l’humiliation de l’occupation allemande, le soin que l’on apporte à sa tenue, en dépit des circonstances, permet d’afficher sa dignité et sa résistance aux événements. Tandis que les vêtements sont contingentés, que les accessoires sont soumis à des normes réglementaires, les chapeaux donnent lieu à une explosion de formes et de couleurs. Leur volume, comme celui des coiffures qui les soutiennent, augmente progressivement jusqu’à la démesure en 1944. Le turban connaît un engouement d’autant plus grand qu’il permet de dissimuler des cheveux que l’on ne peut entretenir régulièrement. Les femmes adoptent le tailleur, pratique et élégant, que leur impose les longues heures dans le métro ou dans les files d’attente ; en l’absence de bas de soie, elles se teignent les jambes au brou de noix, inspirant les parfumeurs qui bientôt proposent des lotions prêtes à l’emploi. « Quand on voulait être vraiment élégante » se souvient Jeanne Guillin, « on se teignait les jambes, mais quand on sortait les jours de pluie, c’était une catastrophe ».