Un « modèle de chanteuse juive » pour Vichy
Le parcours de Marie Dubas illustre la situation des artistes juifs en France, sous l’Occupation. Née à Paris d’un père juif polonais, Marie Dubas débute une carrière de comédienne de théâtre avant de commencer à chanter en 1917 et de s’orienter vers le music-hall. Elle se produit dans des cabarets et, en 1927, à l’Olympia avec « Pedro », une chanson fantaisiste qui demeura le clou de son répertoire. En 1936, elle remporte un triomphe à l’ABC avec « Mon légionnaire », chanson reprise par Édith Piaf.
Marie Dubas quitte la France en août 1939 pour une tournée triomphale en Amérique, puis au Portugal. Son mariage religieux à Lisbonne, avec un aviateur français, catholique, provoque le déchaînement de la presse française. À son sujet, Paris-Soir écrit : « Paris vaut bien une messe. Marie Dubas se convertit […] ignore-t-elle que le problème juif n’est pas religieux ? Il est racial ». En 1941, Marie Dubas est à nouveau victime de l’antisémitisme. Dans le cadre de l’exposition « Le Juif et la France », organisée par l’Institut d’étude des questions juives et présentée à Paris au palais Berlitz, son portrait honteusement retouché est exposé comme « le modèle d’une chanteuse juive ».