Pénurie et restrictions
Avec la guerre, puis l’Occupation, tout vient à manquer : nourriture, vêtements, électricité, charbon, etc. C’est le temps de la pénurie et des restrictions réglementées, mais aussi de la débrouillardise, de l’entraide et des palliatifs. Nombre de chansons de l’époque traitent des difficultés de la vie quotidienne. « Y’a du rutabaga », « Troc, troc », « Élevons un porc », ces chansons aux titres évocateurs mettent ironiquement en scène l’obsession alimentaire des Français. Elles témoignent de l’énergie et du temps que déploient les citadins pour se ravitailler (notamment, les femmes qui passent en moyenne quatre heures par jour dans les files d’attente). On peut s’interroger sur ce ton léger sans esprit critique apparent. Participe-t-il d’une forme de propagande faite de bonne humeur volontariste ou est-ce un moyen de supporter les contingences matérielles en les tournant en dérision ?
La dureté du temps fait regretter l’avant-guerre. Les chansons évoquent le souvenir d’un passé idéalisé, associé à la joie, à l’amour et à l’insouciance. C’est, par exemple, « Douce France » qui rappelle le bonheur d’une enfance perdue et d’un pays qu’on aime dans la joie, ou « Quand les guinguettes rouvriront » qui rappelle les plaisirs perdus des bals. Il s’agit à la fois de faire oublier l’époque, mais aussi d’exhorter au courage et à la patience dans l’attente de lendemains heureux.