Des artistes divisés
Les années trente avaient entraîné les écrivains et les artistes à prendre position par rapport aux totalitarismes. Dans le contexte d’une France occupée et d’un régime collaborationniste, la question de l’engagement se pose de façon plus aiguë. La plupart des chanteurs de cette époque sont déjà célèbres avant la guerre et continuent de chanter sous l’Occupation.
Après une courte absence, nombre de vedettes de la chanson reviennent sur la scène parisienne et reprennent leurs activités dès le début de l’année 1941. C’est le cas de Suzy Solidor ou d’Édith Piaf qui déclare en 1940 : « Mon vrai boulot, c’est de chanter. De chanter quoi qu’il arrive ».
D’autres choisissent le repli en zone sud. C’est, par exemple, le choix de Ray Ventura (dans un second temps, il quittera la France pour l’Amérique latine) ou de Maurice Chevalier qui, dès 1940, s’installe près de Cannes avec sa compagne Nita Raya, d’origine juive. À partir de 1943, il cesse de se produire à Paris et se retire de la vie publique. Enfin, certains décident de fuir l’Europe, comme Henri Salvador qui s’exile au Brésil en 1941. D’autres entreprennent de grandes tournées à travers le monde. Ainsi Marie Dubas, en 1939, décide de quitter la France et chante successivement au Brésil, en Argentine, au Portugal et en Suisse.