Mathieu Pernot, Les Migrants
Durant l’été 2009, Mathieu Pernot photographie des Afghans clandestins dans le Xe arrondissement de Paris, à proximité du square Villemin dont ils viennent d’être expulsés. Ces hommes en transit rêvent d’Angleterre ou d’un statut de réfugié. « Après avoir passé plusieurs après-midi aux côtés de ces groupes d’Afghans, j’ai décidé de travailler autrement, de ne pas essayer de créer un lien, de m’en tenir à ce que tout le monde pouvait voir à condition de bien vouloir regarder. Je les ai photographiés dans leur sommeil, le corps caché par un tissu, un drap ou un sac de couchage les recouvrant. Invisibles, silencieux et anonymes, réduits à l’état de simple forme, les individus se reposent et semblent se cacher, comme s’ils voulaient s’isoler d’un monde qui ne veut plus les voir. » La force de ces images vient de leur double inscription dans une actualité largement commentée mais aussi dans une histoire de l’art et des formes (pli, drapé, sculpture). À la surexposition médiatique, Mathieu Pernot oppose abstraction et silence.