Taysir Batniji, Départ
Un ferry chargé de voyageurs traverse de part en part le champ fixe de la caméra et détermine ainsi la durée du plan-séquence. L’utilisation d’un ralenti saccadé brouille le réel et restitue, tremblantes, les silhouettes des passagers. Aucun repère géographique n’est présenté. Dans ce non-lieu, seul l’écho de la mer rappelle le voyage. Départ évoque l’errance contemporaine. Migration d’anonymes, d’ombres flottantes. Lieux de partance ou de destination ? Choix ou contrainte ? Ce n’est plus d’où l’on vient ni où l’on va qui importe, mais bien plus le déplacement, la traversée. Le voyage cristallise cet instant précis où la possibilité d’un entre-deux devient envisageable : être à la fois d’ici et d’ailleurs. « Je cherche un langage artistique qui corresponde à ma manière de vivre, au fait que je circule tout le temps », précise l’artiste.