L’humour comme parade
La vie culturelle et artistique connaît dans la France occupée une vitalité inattendue. Les music-halls, spectacles de chansonniers, cabarets et cinémas font le plein, quand nombre de pièces de théâtre se jouent à guichet fermé. Dans tous ces lieux, les restrictions deviennent un sujet de prédilection. Plaisanter sur l’obsession des Français pour une alimentation qui leur fait défaut rencontre l’assentiment de la population comme de la censure. Dans les journaux, les dessinateurs de presse tournent en dérision le rationnement, s’amusant de ses effets sur les esprits et les corps, critiquant les lourdeurs de l’administration et se moquant du marché noir. Les plus grands noms de l’illustration livrent des albums ou des séries de cartes postales mettant en scène des situations cocasses engendrées par la perte de tickets, l’ingestion de rutabagas ou le poids d’un nouveau-né comparé au « feu » gigot du dimanche. Les paroliers rivalisent d’imagination pour mettre en chanson les pénuries de toute nature, créant des textes très prosaïques où les rêves de charcuterie sont nombreux.