Faire la queue
Expression consacrée par l’usage et la pratique, « faire la queue » est sans doute l’une des contraintes les plus partagées par les Français pendant la guerre. Symboles des difficultés liées au ravitaillement, les queues apparaissent dès les premiers jours de l’Occupation. Provoquées par l’importance des premiers prélèvements allemands et la peur de manquer qui conduit à acheter tout ce qui peut être conservé, elles se généralisent avec l’instauration de la carte d’alimentation à l’automne 1940. Cette « carte d’identité alimentaire » donne droit à un contingent de coupons ou tickets autorisant l’achat de certaines denrées en quantités variables selon son âge et sa profession. Afin de mieux répartir les marchandises et pour réduire les files d’attente, est mis en place un système d’inscription auprès des commerçants. Il ne garantit pas pour autant l’accès à la ration autorisée et fait de la queue le lieu de toutes les exaspérations mais aussi de toutes les sociabilités. La queue est en effet le lieu privilégié du bouche à oreille, un vecteur important d’informations et de nouvelles.