L’image du résistant à la Libération
La guerre d’images que se sont livrés, pendant les quatre années d’occupation, les services de propagande légale et la Résistance aboutit à la construction d’une image archétypale du résistant.
À la Libération, la diffusion massive de photographies sur les maquis et la période insurrectionnelle renforce à son tour cette image stéréotypée, dont vont se faire l’écho les illustrés pour la jeunesse qui paraissent dans les années d’immédiat après-guerre.
« Fifi gars du maquis » d’Auguste Liquois dans Vaillant, « Le capitaine invisible » de Robert Rigot dans Message aux cœurs vaillants représentent la quintessence de ce modèle, figé pour des décennies. Le résistant est un jeune maquisard coiffé d’un calot et vêtu d’une chemise blanche flanquée d’un brassard FFI qui, brandissant fièrement sa sten, paraît surgir de l’ombre.
Deux images du résistant semblent toutefois coexister dès la Libération. Aux côtés du jeune maquisard, les figures des victimes, soldats et héros historiques de la période occupent en effet une place essentielle. Leur poids symbolique et politique dans la France de la deuxième moitié du XXe siècle a sans doute constitué un frein à l’émergence, dans les séries et albums, de grands héros fictionnels ancrés dans les mémoires, contrairement aux productions liées au premier conflit mondial.