Madeleine Riffaud naît en 1924 dans la Somme. Elle grandit à Folies, petit village au sud-est d’Amiens, avec ses grands-parents et ses parents, instituteurs. Madeleine passe son temps libre à écrire des poèmes ou dévorer tous les livres qui lui tombent sous la main, perchée dans un arbre avec son chat ou parmi les rosiers de son grand-père.
A 16 ans, Madeleine est envoyée en zone « Nono », « non occupée », dans le sanatorium de Saint-Hilaire-du-Touvet, un vivier d’intellectuels dirigé par le docteur Douady dont la volonté est de permettre aux jeunes de continuer leurs études tout en se soignant. Elle apprendra bien plus tard que le sanatorium accueille de faux malades pour les protéger des rafles, abrite une imprimerie clandestine et permet aux chefs de réseaux d’y tenir des réunions secrètes.
Pour elle qui souhaite s’engager, la Résistance est déjà tout près d’elle.
Madeleine Riffaud est encore mineure lorsqu'elle arrive dans le Paris occupé et qu'elle rejoint un réseau de résistants étudiants sous le nom de Rainer, en souvenir des poèmes de l’écrivain Rainer Maria Rilke qu’elle lisait au sanatorium. Elle est chargée d’assurer des liaisons, de porter des messages, de transporter des armes, de voler des tickets de rationnement dans les mairies et des fiches du Service du Travail Obligatoire pour y soustraire des étudiants, ou d’annoncer aux collègues résistants qu’ils doivent « entrer dans le brouillard ».
En 1944, elle abat sur ordre un officier allemand : on prépare des débarquements, il est nécessaire d'intensifier les actions armées contre l'occupant. Capturée, torturée, condamnée à mort et sauvée in extremis dans le cadre d'un échange de prisonniers, elle sera de retour à temps pour se battre aux côté de ses hommes et libérer la capitale.
Après la Libération, elle rencontre Vercors, Pablo Picasso, qui dessinera son portrait, et surtout, Paul Éluard, avec qui elle nouera une formidable amitié. Impressionné par son talent littéraire, il l'encourage à écrire. Elle publie un recueil de poèmes et enchaîne les collaborations avec plusieurs journaux. Poétesse, elle l'était déjà et le sera toujours. La voilà en passe de devenir journaliste.
Sa rencontre avec Hô Chi Minh et un premier départ pour Hanoï détermineront son avenir de reporter de guerre. Dénoncer le colonialisme, chercher l'esprit de résistance dans les maquis du monde entier, raconter leur lutte pour la liberté : elle couvrira notamment la guerre d'Algérie et la guerre du Vietnam dans les maquis Vietcong, sous les bombes américaines. De retour à Paris dans les années 70, elle choisit de travailler incognito comme fille de salle dans un hôpital. Elle partage alors le quotidien des infirmières, des aides-soignantes, des agents d'entretien. Dans son best-seller, Les Linges de la nuit, elle raconte les dangers qui guettent l'hôpital public et leurs conditions de travail révoltantes.
Puisque leur voix est trop petite pour être entendue, elle leur prête la sienne et sa plume. Elle deviendra une infatigable passeuse d'histoires.
"Je ne suis pas un symbole. Je ne suis pas une femme extraordinaire. Ce que j’ai fait, des centaines d’autres, des milliers dans le monde, l’ont fait. Et vous le pouvez aussi." Madeleine Riffaud
Informations techniques
Biographie