Du héros parmi d’autres à l’homme du Panthéon
Si la mémoire de Jean Moulin est très tôt portée par ses proches et saluée par les survivants de la lutte clandestine, elle reste longtemps circonscrite à ce cercle étroit.
La médaille militaire posthume qu’il reçoit en 1946 le désigne certes comme un « héros légendaire », mais le résistant ne se distingue pas d’un Pierre Brossolette, Jean Cavaillès ou Jacques Bingen, aujourd’hui méconnus.
La révélation dans les années cinquante des convictions républicaines qu’il sut déployer dans le cadre de ses activités préfectorales vient progressivement enrichir le portrait officiel du résistant. Et parce qu’il réunissait toutes les conditions nécessaires à une héroïsation, Jean Moulin est choisi entre tous les résistants à la faveur du 20e anniversaire de la Libération pour entrer au Panthéon.
Le 19 décembre 1964, la retransmission télévisée du transfert de ses cendres présumées inscrit définitivement son souvenir dans la mémoire collective française.