Édifiée en 1921, la prison militaire de Montluc est déclarée insalubre en 1932. Elle est toutefois remise en service au début de la guerre et sera utilisée par le gouvernement de Vichy pour interner ceux considérés comme « ennemis de la France », à commencer par les militants communistes, bientôt rejoints par les premiers résistants. Après l’invasion de la zone sud en novembre 1942, l’établissement est réquisitionné par les Allemands et placé sous le contrôle de la Wehrmacht. Les détenus, toujours plus nombreux, deviennent coutumiers des allers-retours en fourgon cellulaire pour subir les interrogatoires des agents de la Gestapo, dont le siège est d’abord installé à l’Hôtel Terminus, non loin de la gare de Perrache, puis à l’École du Service de santé militaire, avenue Berthelot.
On estime à 7731 le nombre de personnes passées par la prison de Montluc, dans des conditions de détention effroyables. Si la déportation est l’issue la plus commune pour les prisonniers, certains sont sauvagement assassinés, victimes à partir de l’été 1943 d’un tribunal militaire qui les envoie au peloton d’exécution, ou massacrés à titre de représailles durant l’été 1944, à l’heure où l’occupant est aux abois.
S’attachant à perpétuer le souvenir de ces milliers de victimes, l’association des rescapés de Montluc voit le jour dès 1945. Elle obtient la sauvegarde de l’aile historique de la prison au titre de lieu de mémoire, inauguré par le secrétaire d’État aux Anciens Combattants, Hubert Falco, le 14 septembre 2010.