Le 8 mai 1945 : l'Allemagne nazie capitule

À l’aube du 7 mai 1945, après 5 années de guerre, le général Gustav Jodl signe à Reims la capitulation sans conditions du Reich. 
Le lendemain, 8 mai, cet acte de capitulation est ratifié à Berlin. Le 9 mai à minuit, la Seconde Guerre mondiale est officiellement terminée en Europe. 
Elle se poursuit toutefois dans le Pacifique – le Japon ne capitulera que 4 mois plus tard, le 2 septembre 1945.

 

80 ANS APRÈS, L’IMPORTANCE DE COMMÉMORER LE 8 MAI 1945


En ce 8 mai 2025, quatre-vingts ans après la capitulation allemande, la commémoration revêt une dimension particulière alors que l’Europe se retrouve confrontée à des défis rappelant douloureusement les fractures du passé. 
Cette commémoration ne se réduit pas à un hommage ritualisé. Elle rappelle que la paix en Europe, conquise au prix de 60 millions de morts et de villes entières rasées, reste un héritage fragile. 
Commémorer le 8 mai 1945, c’est aussi réaffirmer l’importance des valeurs démocratiques face aux régimes autoritaires. À Lyon, ville symbole de la Résistance, cet anniversaire rappelle que la lutte contre le nazisme fut autant un combat militaire qu’une défense des libertés fondamentales. 
Enfin, cette commémoration doit interroger notre rapport à la mémoire. Alors que les derniers témoins directs de la Seconde Guerre mondiale disparaissent, le risque d’une banalisation des mécanismes ayant conduit aux conflits du XXe siècle devient tangible. Ainsi, le CHRD se veut être un outil pour transmettre une connaissance historique avertie – non pas figée, mais outillée, pour décrypter les crises actuelles.

 

LE 8 MAI 1945, LYON ÉXULTE À L’ANNONCE DE LA CAPITULATION

 


La capitulation est signée
L’amiral Doenitz, désigné par Hitler pour lui succéder, tente de négocier auprès des Alliés une capitulation partielle mais se heurte à un refus.
C’est à Reims, à l’aube du 7 mai, que le général Gustav Jodl signe la capitulation sans conditions de toutes les forces du Reich. La délégation alliée est composée des généraux Bedell Smith, représentant des États-Unis, Susloparov pour l’URSS, Robb et Strong pour la Grande-Bretagne, et Servez pour la France. Staline exige que la cérémonie soit symboliquement reconduite à Berlin le 8 mai.
Ainsi, le 9 mai à minuit, la Seconde Guerre mondiale prend officiellement fin en Europe.

Les journées des 8, 9 et 10 mai 1945 à Lyon
À Lyon, la capitulation est annoncée officiellement par Les Nouvelles, quotidien lyonnais qui titre le lundi 7 au soir : "Ce matin à Reims, la capitulation totale du Reich a été signée".
Dès le 8 mai 1945, Lyon, comme le reste de la France, célèbre cette capitulation et la fin officielle de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Les scènes de liesse spontanées se multiplient et les Lyonnais descendent dans les rues pour écouter l'annonce officielle de la capitulation faite à la radio par le général de Gaulle. À 15 heures, les sirènes retentissent dans toute la ville, accompagnées par les cloches des églises. 
Les célébrations se poursuivent le 9 mai. Des cérémonies officielles sont organisées pour commémorer la victoire et honorer les victimes de la guerre. Une prise d'armes, avec les troupes alliées, est organisée sur la place Bellecour avec un défilé militaire puis une cérémonie est organisée par le cardinal Gerlier en la primatiale Saint-Jean à 17h15. 
Une longue sortie de guerre
La libération de Lyon le 3 septembre 1944 avait marqué le début d'une longue période de sortie de guerre. Cette période est caractérisée par de nombreux défis :

  • La ville a subi d'importants dégâts, notamment lors du bombardement américain du 26 mai 1944, qui a causé la mort de plus de 700 civils. Presque tous les ponts ont été détruits par les Allemands lors de leur retraite le 2 septembre 1944, coupant la ville en deux.
  • Les pénuries alimentaires et de produits de première nécessité persistent. Le rationnement, mis en place pendant l'Occupation, continue. Le manque de pain, aliment de base à l'époque, est particulièrement problématique. Dans ce contexte, s’ajoute un hiver 1944-1945 est particulièrement rude, aggravant les conditions de vie déjà précaires.
  • Alors que de nombreuses familles sont encore sans nouvelles de leurs proches prisonniers de guerre, déportés pour faits de résistance ou parce qu'ils étaient juifs, le retour progressif des absents retenus en Allemagne pose des défis d'intégration sociale et économique.
  • Le processus d'épuration, d’abord sauvage puis judiciaire, se met en place dès 1944, pour juger les collaborateurs. L'épuration extra-judiciaire entraînera la mort d'environ 9 000 personnes en France. Les tribunaux d’exception bientôt mis en place : plus de 311 263 dossiers sont traités, dont 124 613 personnes jugées.

 

LE RETOUR À LA VIE

 


Le retour d’Édouard Herriot à Lyon et la reprise d’une vie démocratique
Herriot, ancien maire de Lyon et président de la Chambre des députés de la IIIe République, avait été démis de ses fonctions par Vichy en 1940 et interné en Allemagne suite à son refusé de collaborer avec Laval en août 1944. 
Son retour à Lyon le 25 mai 1945 est marqué par un accueil chaleureux à l'aéroport de Bron par Justin Godart, alors maire provisoire, et par une foule enthousiaste.
Le 18 mai 1945, alors qu'Édouard Herriot était encore absent, il avait été réélu maire de Lyon. Ces élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945 étaient les premières depuis la Libération et remarquables à plus d’un titre : c’est aussi la première fois où les femmes françaises votèrent. 
L'accueil réservé à Herriot témoigne de son prestige et de la volonté de la population lyonnaise de le remercier de sa résistance face à Vichy. Son attachement à la IIIe République se manifestera d'ailleurs lors du référendum constitutionnel d'octobre 1945. Cet événement met en lumière l'atmosphère de l'immédiat après-guerre à Lyon, marquée par le retour des figures de la résistance politique et le renouvellement démocratique.
Un monde en ruines
Si la nouvelle de la capitulation allemande est saluée par une liesse populaire intense, la joie laisse rapidement place à des lendemains difficiles : au lourd bilan humain s’ajoutent des économies en ruines, des drames humains à surmonter et la révélation des horreurs du système nazi, dont la Shoah. Rapidement, les tensions entre les Alliés vont grandissant, tandis qu’un « rideau de fer » s’abaisse progressivement sur l’est de l’Europe sous domination soviétique.
Les prémices des guerres d’indépendance
Le 8 mai est également marqué par une tragédie en Algérie où l’armée française réprime brutalement une manifestation de nationalistes algériens causant la mort de plusieurs milliers personnes à Sétif, Kherrata et  Guelma. Les historiens considèrent aujourd’hui ce massacre comme le point de départ de la guerre d’indépendance algérienne.

Informations techniques

Article du CHRD, musée de Lyon.

Date : 8 mai 1945