En 2002, le CHRD reçoit un don exceptionnel : soixante-sept portraits réalisés par le prisonnier de guerre Jean Billon pendant sa première année de détention au stalag VIII C, en 1941.
Comme tous les hommes de troupe faits prisonniers par les Allemands, Jean Billon est envoyé dans un stalag (ou camp de travail). Il est affecté au stalag VIII C près de Sagan, en Silésie. Lorsqu’il réalise ces portraits en 1941, le camp administre 35 000 prisonniers français. Le peintre restitue une vision très juste et très forte de ses compagnons de détention. Entre réalisme et expressionnisme, il rend perceptible l’impact de la captivité, marquée par la douleur de l’exil, la monotonie du quotidien et des frustrations multiples.
L’importance et la qualité technique de cet ensemble ont de quoi surprendre compte tenu des conditions dans lesquelles il a été réalisé. Cela tient à une spécificité du stalag VIII C, qui dispose d’une « baraque-atelier » où d’anciens élèves des Beaux-Arts se sont réunis autour du peintre Michel. Les autorités allemandes du camp leur fournissent toiles, chevalets et couleurs, cela à des fins de propagande. Le camp de Sagan est d’ailleurs salué comme un « camp modèle » par le Comité international de la Croix-Rouge qui l’inspecte en 1940, et qui note son extraordinaire vitalité artistique. Les conditions de détention se dégraderont toutefois fin 1941.
On sait peu de choses du parcours de Jean Billon, mais il est vraisemblablement de retour en France à l’automne 1942, après 27 mois de stalag. Le régime de Vichy, qui favorise la diffusion des œuvres de captivité pour afficher son soutien aux prisonniers, expose ses portraits à Lyon, Vichy et Paris. En 1944, les portraits de Jean Billon font également l’objet d’une publication de prestige intitulée Visages de prisonniers, préfacée par le docteur René Biot.
C’est en 2002 que les œuvres originales entrent dans les collections du CHRD, grâce à une donation d’un descendant du peintre. À partir de cet ensemble remarquable, le musée propose en 2008 une exposition consacrée aux prisonniers de guerre français en Allemagne : Prisonniers de guerre, histoire d’une communauté captive.
Informations techniques
67 portraits de 40 x 60 cm