Ce recueil de photographies constitue un témoignage important sur les Chantiers de la jeunesse et les mois passés par le jeune René Basset au groupement 27, dit Mangin, entre le 10 août 1940 et le 31 janvier 1941.
Les photographies qu'il réalise et développe sur place rendent compte de ce que furent les Chantiers de la jeunesse pour près de 400 000 jeunes Français non juifs : une entreprise d’encadrement idéologique, destinée à participer au relèvement moral et matériel du pays. C'est à la suite de l'armistice du 22 juin 1940, et à la suppression du service militaire obligatoire, que sont créés ces Chantiers de la jeunesse. L'essentiel de ceux qui effectueront ce stage entre 1940 et 1944, la vie aux Chantiers, peu confortable, est synonyme de travaux éreintants.
Si le parcours de René Basset illustre le sort des jeunes appelés de juin 1940 envoyés aux Chantiers, le recueil révèle à quel point l’esprit de camaraderie prime dans le contexte très difficile à admettre d'une défaite de l'armée française. Le jeune photographe capture les moments de vie qui rythment leur quotidien au cours de l'hiver 1940-1941 (toilette du matin, corvée d'épluchures, travaux de déforestation, etc.) et il fige également des moments de détente (tournoi de bridge, partie d'échecs, randonnées en quête des sommets ariégeois...)
Les portraits et les noms égrenés écrivent à leur tour l'histoire de cette jeunesse en temps de guerre : le dessinateur publicitaire Guy Maynard, le peintre Reynold Arnoult, le trompettiste Dupuy et plusieurs photographies de Louis Goudard, dit Petit-Louis, qui aussitôt après rejoindra la Résistance à Lyon.
Pour nombre de ces jeunes, cette expérience se poursuivra à partir de 1943 avec un départ en Autriche ou en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire. Là encore, l’humour et l’amitié seront essentiels pour supporter une longue séparation avec leurs proches et un quotidien fait de travaux incessants.
L’ironie et la distance de certains jeunes vis-à-vis des chantiers de la jeunesse sont nettement perceptibles dans les photographies de René Basset qui font écho aux mots du jeune Jean Latreille : « Je suis bien près de croire que les chantiers sont une période à passer aussi stupide qu’inutile. »
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René Basset