En 2022, le petit neveu d’ confie au CHRD plusieurs pièces ayant appartenu à son grand-oncle militaire et résistant.
Parmi les documents d'Antoine Ortovent confiés au CHRD par son petit neveu, figurent trois cahiers. Ces journaux témoignent de la vie quotidienne d’une famille lyonnaise pendant la guerre. À la fois journal intime et revue de presse, ces cahiers commentent les événements tragiques de son temps et montrent comment la population lyonnaise percevaient ces derniers et les vivaient.
Ces cahiers semblent avoir été rédigés et illustrés par une de ses quatre sœurs, peut-être Madeleine, fille cadette de la famille qui a 16 ans au début de la guerre.
Cahier 1 : Cahier des Nations – La France et ses alliés
Le journal débute par un premier carnet qui regroupe, sous la forme d’une revue de presse, des extraits de journaux sur les monarques et présidents des pays alliés : États-Unis, Angleterre, Belgique, Albanie, Annam, Irak , Maroc, Iran, République polonaise, Roumanie, Grèce, Italie.
L’écriture du journal débute ensuite par ces mots, à la date du 3 septembre 1939, jour de la déclaration de guerre de la France contre l’Allemagne : « trois peuples se battent contre le même pays qui veut ravager le monde à la tête de ce pays maudit un seul homme : « Hitler » ».
La mobilisation d’Antoine Ortovent est évoquée ainsi que son départ de la maison familiale le 27 août 1939 à 6 heures du matin. L’auteur du journal commente l’actualité sur la guerre et la vie quotidienne à Lyon. Une première alerte aérienne à Lyon est alors décrite le 3 novembre 1939 à 11 heures du matin, ainsi que deux autres le 18 novembre. La description des combats menés au front fait ressortir l’indignation de la rédactrice : « Hitler tu ne survivras pas à tous ces crimes ». Au sein de ces écrits, elle s’exprime sur les conflits entre les pays et les négociations menées entre les dirigeants politiques. La rédaction de ce premier cahier se termine à la date du 3 décembre 1939.
Cahier 2 : À la France
Le titre du deuxième cahier est surmonté par le dessin d’une croix de Lorraine. Plusieurs poèmes ainsi que le chant de la Marseillaise animent le second cahier. Le 28 mai 1940, à l’occasion de l’annonce de la reddition de la Belgique, elle exprime un sentiment de colère partagé par la majorité des Français : « Quand j’ai commencé ce cahier il y aura bientôt un an je croyais le finir par une page victorieuse. Hélas ! Comme je m’étais trompée, tout le monde nous a abandonné, nous avons été trahi par le roi Léopold en lequel tout le monde avait confiance ». Animé par de nombreux dessins, ce cahier fait apparaître le portrait du général de Gaulle ainsi que celui du maréchal Pétain légendé : « Est-ce un traitre ? Je garde l’espoir que non ! ».
Les problèmes liés au ravitaillement sont également abordés en ces termes : « La France souffre chaque jour un peu plus de l’oppression allemande ». Instaurées à partir de l’automne 1940, les différentes cartes de rationnement en possession de la famille Ortovent sont énumérées : sucre, pâtes, légumes sec, pain, beurre, huile, margarine, pommes de terre, vêtements, chaussures. Elle offre un aperçu des pénuries en listant précisément les rations qui sont autorisées par jour et par mois :
- 500 g de sucre par mois ;
- 500 g de pâtes par mois ;
- 250 g de légumes secs par mois ;
- 280 g de pain par mois ;
- 100 g de beurre par jour ;
- 200 g d’huile par jour ;
- 220 g de fromage par jour ;
- 50 g de margarine par jour ;
- 3 kg de pomme de terre par mois.
Au sein de ce second journal, Antoine Ortovent est mentionné à deux reprises. Une première fois lors de la permission qu’il obtient à l’occasion de Noël 1939 et une seconde fois lorsqu’il est décoré de la Croix de Guerre puis démobilisé. Le journal se termine à la date du 29 juillet 1944 par des mots empreints d’espoir : « j’ai repris ma confiance de 42 car maintenant la Victoire est proche ».
Troisième cahier : Document des guerres moderne
Le dernier cahier se présente sous la forme d’une revue de presse. Il contient de nombreux articles de journaux, pour la plupart tirés du journal Le Progrès entre 1939 et 1942, qui commentent les événements politiques et les combats menés. La tenue de ce journal témoigne de l’importance de la presse pour s’informer de l’actualité.
Le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation s’attache à valoriser le parcours des résistants lyonnais et des conditions de vie à Lyon en temps de guerre. La Résistance et la vie quotidienne font ainsi partie des axes d’acquisition majeurs du musée
Informations techniques
Imprimé, manuscrit